Revivez la révolte des canuts à Gadagne
Il y a 190 ans, les tisseurs de la soie, communément appelés les canuts, se révoltent à Lyon. C’est la première étape d’une histoire sociale déterminante.
A l’occasion de cet anniversaire, le Musée d’histoire de Lyon vous invite à (re)visiter sa salle 21 (2e étage du MHL) consacrée aux « insurrections des canuts » : objets, gravures, affiches et peinture vous offrent de précieux témoignages historiques sur cette époque de l’histoire de Lyon.
Une révolte historique
La révolte des canuts intervient dans un contexte de trouble économique dans la capitale des Gaules. La conjoncture est morose et les commandes de soie habituellement constantes sont en baisse, malgré l’ouverture du marché nord-américain.
Invoquant ce contexte, les soyeux en profitent pour baisser drastiquement les salaires des ouvrier-es, qu’ils divisent par deux. La mesure passe très mal, d’autant plus que les conditions de travail sont rudes, liées au métier à tisser, et les horaires éprouvants, jusqu’à 18 heures de travail journalier !
Tarif minimum
De cette baisse de salaire résulte une colère dans le monde ouvrier et une nostalgie de l’Empire où les salaires étaient garantis. Pour faire taire la révolte et répondre aux aspirations des ouvriers, le préfet du Rhône, Louis Bouvier-Dumolart, impose un tarif minimum aux fabricants. Une avancée majeure qui ne sera pas suivie d’effets, car les soyeux refusent de la mettre en place au nom de la liberté économique.
Face à ce mur, la grève se répand comme une traînée de poudre à la Croix-Rousse, quartier où travaillent et habitent les ouvrier-es. Pour couper court à toute tentative de révolte, la garde nationale est déployée le 19 novembre et fait feu sur les grévistes.
« Vivre en travaillant ou mourir en combattant »
De cette répression va résulter la grève générale, décidée par l’association mutuelle des chefs d’atelier, le 20 novembre. Faute de réaction de la part du patronat, les grévistes vont descendre de la Croix-Rousse vers le centre-ville sous l’égide du drapeau noir où l’on peut lire la devise : « Vivre en travaillant ou mourir en combattant ».
Dans la nuit du 22 au 23 novembre, des centaines de canuts, après avoir pillé les armureries, prennent le contrôle de la ville. Le maire de Lyon, Victor Prunelle, est contraint de quitter la ville, tout comme l’armée.
20 000 militaires à Lyon
Le 24 novembre, un gouvernement provisoire est créé : 16 canuts forment le conseil. Lorsque la nouvelle arrive à Paris, la surprise est totale. Pour rétablir l’ordre, Louis-Philippe envoie son fils, le duc d’Orléans et le maréchal Soult à Lyon. Accompagnés de près de 20 000 hommes, ils reprennent le contrôle de la ville, le 3 décembre.
S’en suit une série de mesures répressives envers les canuts : annulation du tarif, destitution du préfet, arrestation de 90 ouvrier-es et interdiction des associations au nom du libéralisme. Une garnison est également installée dans la ville pour anticiper toute révolte de la part des ouvrier-es.
Une révolte, marqueur d’une classe sociale
Cette révolte post-révolution industrielle marque un tournant dans l’histoire ouvrière lyonnaise et française. Elle aura également un écho en Europe car les premiers théoriciens socialistes s’y réfèreront.
Par suite, en 1834, Lyon vivra sa seconde insurrection des canuts. Avec des problèmes restés latents, près de 6 000 ouvriers lancent une grève générale en février. Pour mater la révolte, le ministre de l’Intérieur, Adolphe Thiers, envoie de nouveau l’armée du 11 au 15 avril. Une semaine qualifiée de « sanglante », qui fera plus de 600 morts.
Festival des canuts
Pour aller plus loin et approfondir le sujet, venez écouter les comédien-nes de « La compagnie du Chien Jaune » vous raconter « la vie des ouvriers en soie lyonnais du début du XIXe siècle » au Musée d‘histoire de Lyon, dimanche 21 novembre de 14h30 à 17h30 dans le cadre de « Novembre des canuts ».
Le MHL vous offre également la possibilité de venir écouter la conférence « De colère et d’ennui, chronique de 1932 – Paris », jeudi 25 novembre à 19h. Pour assister à la conférence, merci d’envoyer un mail à gadagne.publics@mairie-lyon.fr.